mardi 26 juillet 2016

L'échographie révolutionne la kinésithérapie




Les kinésithérapeutes français rattrapent leur retard : ils ont maintenant l'autorisation de pratiquer des échographies. Ou plutôt des échoscopies.
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Le Conseil national de l'ordre des kinésithérapeutes a rendu le 27 mars 2015 un avis positif sur la pratique de l'échographie par les kinésithérapeutes. Si cette nouvelle est passée inaperçue pour le grand public, elle représente une avancée majeure et devrait permettre à terme d'améliorer considérablement l'efficacité de certains traitements kinésithérapiques.

Sur cette question, la France avait pris du retard sur ses homologues anglo-saxons qui autorisaient déjà massivement la pratique de l'échographie. Ainsi, les kinésithérapeutes australiens ont accès à l'échographie depuis 30 ans et une étude a montré que 51 % d'entre eux la pratiquaient régulièrement dans leurs cabinets de ville.

D'un point de vue sémiologique, il est plus pertinent de parler d'échoscopie, cela afin de tracer une frontière claire avec l'échographie qui est un examen médical contraint par de nombreuses obligations, dont la rédaction d'un rapport et l'établissement d'un diagnostic médical.
Quel intérêt pour le kinésithérapeute ? Et pour les patients ?

Le kinésithérapeute réalise un bilan lors de chaque nouveau traitement. L'objectif de ce bilan est de mettre en évidence les déficits et les déficiences du patient afin d'établir un diagnostic kinésithérapique dont découlera un plan de traitement précis. C'est dans le cadre de ce bilan que l'échoscopie trouve tout son intérêt, puisqu'elle est le prolongement naturel de l'examen clinique manuel.

Mais l'échoscopie permet aussi d'objectiver les progrès dans un traitement au long cours, de suivre l'évolution d'un tendon douloureux ou encore d'une épaule opérée. Enfin, seule l'échoscopie peut proposer une imagerie dynamique riche en informations, l'épaule avec ses tendons qui s'usent en est le meilleur des sujets.
Pratiquée depuis plus de 20 ans par de nombreux physiothérapeutes dans le monde, l'échographie a déjà été intégrée dans quelques programmes de formations initiales comme au Royaume-Uni et aux États-Unis. Même s'il n'existe pas encore officiellement de standards à l'échelle internationale encadrant la formation et la pratique de l'utilisation de cet outil en kinésithérapie, ces pays initiateurs ont élaboré des programmes nationaux.

Le complexe de l'épaule, fréquemment source de dysfonctions chez une part importante de la population, demeure une région complexe à évaluer cliniquement par les professionnels de santé. Cette évaluation est rendue complexe de par le nombre d'articulations mises en jeu, les fonctions neuromusculaires de cet ensemble et son intégration neurophysiologique avec le rachis cervical et thoracique ainsi qu'avec l'ensemble du membre supérieur.

L'application de l'échographie au thorax en médecine est d'apparition relativement récente, retardée par l'idée que l'examen échographique du poumon était sans intérêt du fait de la présence d'air empêchant la transmission des ultrasons. Depuis une dizaine d'années, l'échographie pulmonaire est largement acceptée comme outil diagnostic de première intention dans de nombreuses situations pathologiques en soins intensifs et d'urgence, diminuant l'utilisation de la radiographie et du scanner thoracique.

samedi 9 juillet 2016

Quelles différences y a-t-il entre la kinésithérapie et l'ostéopathie ?

Les deux professions se font tant la guerre que l'on ne sait plus à quel professionnel se vouer pour dire bye bye à son lumbago récurrent. Le médecin rhumatologue Clémentine Jacquier revient sur les deux pratiques et nous éclairer

Quelles différences y a-t-il entre la kinésithérapie et l'ostéopathie ?
Dr Clémentine Jacquier(1)

La kinésithérapie est un traitement prescrit par un médecin, généraliste ou spécialiste. Elle prend en charge les pathologies liées à la mobilité des articulations (muscles, muscles du dos, épaules, hanches etc.). L'ostéopathie, qui est aussi un des traitements proposés pour ces pathologies, est plus complète. Elle mobilise les articulations de tout le corps pour en débloquer une par exemple. Il y a aussi l'ostéopathie viscérale et crânienne. Concernant le traitement des problèmes d'articulations et de muscles, la principale différence réside dans la technique. La kinésithérapie demande une interaction avec le patient. Outre les massages, le praticien fait travailler la marche ou l'entretien musculaire, le patient fait des efforts musculaires et la prise en charge se fait sur plusieurs séances. En ostéopathie, le patient est le plus souvent passif, le praticien mobilise les articulations et procède à sa manipulation. Une seule séance d'ostéopathie peut suffire.

Comment savoir quel professionnel consulter ?

Avant toute chose, on commence par aller voir son médecin généraliste, car les kinésithérapeutes et les ostéopathes traitent mais ne diagnostiquent pas. C'est au médecin de prescrire des bilans sanguins, radios, scanners ou encore IRM, pour ensuite faire le point et rediriger le patient vers un professionnel. S'il n'est pas certain, il peut aussi envoyer la personne chez un rhumatologue qui peut aussi rediriger le patient. Si l'on consulte un ostéopathe, il est conseillé- en opposition aux praticiens qui ne sont que diplômés de l'école d'ostéopathie- d'opter pour un médecin ostéopathe ou un kinésithérapeute ostéopathe. Grâce à leur formation, ils ont acquis des connaissances qui leur permettent de détecter d'autres problèmes si besoin.

En cas de problème chronique la kinésithérapie est plus adaptée
N'y a-t-il pas des pathologies ou troubles qui ne peuvent être traités que par l'un ou l'autre ?
C'est surtout une histoire d'habitudes. Même si les deux activités peuvent parfois être complémentaires, disons qu'en cas de problème chronique la kinésithérapie est plus adaptée. Quand la douleur vient d'apparaître, l'ostéopathie est plus intéressante. Quelqu'un qui souffre régulièrement d'un lumbago par exemple aura plus intérêt à aller voir un kinésithérapeute. Il effectuera un travail de fond, donnera des conseils au patient, lui montrera les mouvements et les bons gestes à faire au quotidien, comme pour sortir correctement de sa voiture par exemple. C'est pourquoi les troubles musculo-squelettiques, comme ceux liés au travail, les tendinites des épaules ou du poignet doivent de préférence être traités par un kiné qui mettra en place un traitement de fond sur plusieurs séances. L'ostéopathe est plutôt là pour les situations d'urgence.

Y a-t-il des contre-indications à l'ostéopathie ?

Un ostéopathe peut décider de ne pas manipuler un patient en raison de son âge, en cas de grossesse, en cas de traumatismes (fractures) ou si le patient présente un mauvais bilan biologique ou que le professionnel décèle que le mal de dos n'est qu'un symptôme d'une maladie sous jacente par exemple.

L'intestin est considéré comme le deuxième cerveau. De plus en plus de gens consultent un ostéopathe, comme d'autres un psychologue. Qu'en pensez-vous ?
L'ostéopathie viscérale est effectivement en plein essor. Que certains consultent régulièrement pour remettre leur système digestif en place ne me choque pas, à condition que ça ne devienne pas un sparadrap mis sur un problème récurrent. L'ostéopathie de manière générale permet de prendre conscience de sa posture mais il ne faut pas oublier la cause du problème, notamment l'hygiène de vie et la prévention.

(1) Clémentine Jacquier est médecin rhumatologue à l'hôpital militaire Percy, à Clamart.